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Des valeurs morales façonnées à la tête du client

Editorial La Presse

 

Le réseau associatif Oxfam accuse Israël d’utiliser l’eau comme arme de guerre à Gaza, avec des coupures d’approvisionnement, de pompage et une destruction ciblée des usines de retraitement. Une des conséquences : la polio menace désormais la population de l’enclave. Le virus a été découvert vendredi 19 juillet dans des échantillons d’eaux usées par le ministère de la Santé et l’Unicef. Outre leurs nombreux malheurs, les Palestiniens sont maintenant exposés à cette maladie très contagieuse provoquée par un virus (le poliovirus), qui envahit le système nerveux et peut entraîner des paralysies irréversibles.

En temps de paix comme en temps de guerre, Israël ne respecte rien, ni les règles de la guerre ni les conventions internationales instaurées pour maintenir la paix, ni les résolutions de l’ONU. Son armée est faite de mercenaires commandée par des tyrans cruels et sanguinaires, à qui on passe tout, au nom d’un péché originel.

Les habitations, hôpitaux, écoles, refuges sont pilonnés depuis dix mois. Le système de santé est quasiment détruit. Des Palestiniens affamés, cherchant à récolter un colis alimentaire largué d’en haut, sont tués à bout portant. L’horreur totale. Comme en témoignent leurs actes, ces gens-là, les Israéliens, du moins ceux aux commandes actuellement, sont dénués de valeurs morales, ils n’ont pas de cœur non plus et ce ne sont pas les seuls.

Et le décompte morbide se poursuit à Gaza. Près de 40 mille tués, dont la plupart sont des femmes et des enfants, et 90 mille blessés. Un bilan approximatif, largement sous-estimé selon plusieurs sources. Les Palestiniens, pris en étau, ne cessent d’errer sur cette étroite langue de terre, ne sachant plus où se rendre pour s’abriter des bombes et des tirs. Aucun lieu n’est sûr, ni dans l’enclave, ni même sur l’ensemble des territoires occupés. Dans la foulée, il n’y a plus de nourriture, plus de médicaments, les pannes d’électricité sont récurrentes. L’eau, quand elle est disponible, est de mauvaise qualité, faute d’assainissement. Les maladies virales et contagieuses guettent donc les personnes les plus vulnérables et les enfants. James Elder de l’Unicef dénonce la destruction par Israël de près de 70 % des pompes à eau et de la totalité des usines de traitement. Selon lui, c’est une pratique intentionnelle, et « une volonté délibérée et constante… pour empêcher l’acheminement de l’aide vitale à Gaza ».

Malgré cette situation humanitaire catastrophique, Gaza ne fait plus la une de l’actualité internationale. Compte tenu des scrutins nationaux décisifs, et même continentaux (élections européennes), mais aussi de l’usure du temps, Gaza est presque tombée dans l’oubli, dissimulée sous des couches superposées d’informations plus récentes. La cause mobilise moins la rue à travers le monde, précisément en Europe. Les mouvements des campus américains se sont tassés, à cause des vacances, mais aussi de la persécution dont quelques étudiants meneurs de la fronde propalestinienne ont fait l’objet. Pendant ce temps, nos amis sont scandalisés, à raison d’ailleurs, par le bombardement d’un hôpital pédiatrique à Kiev. Seulement voilà, cette empathie à géométrie variable, cette indignation télécommandée, prête à l’emploi, ne cessera jamais de nous écœurer.

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